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Appel de Pierre et André, peinture de Duccio, Mæsta à Sienne (Italie), 13°-14° siècle.

 

3° dimanche du Temps Ordinaire / 22 janvier 2017.

 

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu.    

 

Quand Jésus apprit l’arrestation de Jean le Baptiste,il se retira en Galilée. Il quitta Nazareth et vint habiter à Capharnaüm, ville située au bord de la mer de Galilée, dans les territoires de Zabulon et de Nephtali. C’était pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète Isaïe : Pays de Zabulon et pays de Nephtali, route de la mer et pays au-delà du Jourdain, Galilée des nations ! Le peuple qui habitait dans les ténèbres a vu une grande lumière. Sur ceux qui habitaient dans le pays et l’ombre de la mort, une lumière s’est levée. À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. »

 

Comme il marchait le long de la mer de Galilée, il vit deux frères, Simon, appelé Pierre, et son frère André, qui jetaient leurs filets dans la mer ; car c’étaient des pêcheurs. Jésus leur dit : « Venez à ma suite, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. De là, il avança et il vit deux autres frères, Jacques, fils de Zébédée, et son frère Jean, qui étaient dans la barque avec leur père, en train de réparer leurs filets. Il les appela. Aussitôt, laissant la barque et leur père, ils le suivirent.

 

Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait dans leurs synagogues, proclamait l’Évangile du Royaume, guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple. (Mathieu 4, 12-23)

 

 

Le peintre Duccio présente l’appel, presque anecdotique et tranquille, de Pierre et André; il parait sans commune mesure avec la situation décrite, en introduction, dans le premier paragraphe; seul un ciel peint en lumière dorée et flamboyante pourrait évoquer la « lumière levée sur le pays de l’ombre de la mort ». En effet, l’introduction solennelle du premier paragraphe qui précède le récit modeste de l’appel de ces quatre pêcheurs, présente un vaste tableau de la situation où Jésus décide d’intervenir. En citant le prophète Isaïe (Livre d’Isaïe 8,23 à 9,1), Mathieu évoque la situation singulière des habitants de cette région : depuis des siècles, au moins avec la conquête des Assyriens puis de leurs successeurs, les juifs s’y trouvaient mélangés à des populations transplantées ou chassées par les envahisseurs. Cette situation n’a cessé de perdurer de diverses façons. Les pressions conquérantes, les exactions des envahisseurs, les habitudes de vie des nouveaux venus, n’ont cessé perturber et provoquer les croyants au Dieu unique. Ceux-ci, en outre, étaient plus ou moins abandonnés et méprisés par leurs concitoyens de la capitale, Jérusalem, foyer de la foi juive. Ainsi, l’évangéliste présente la mission de Jésus : éclairer le véritable chemin de vie à un peuple pris au piège des incertitudes et des duretés de sa situation.

 

Par ailleurs, le peintre, en plaçant Jésus au pied d’une montagne, a-t-il voulu évoquer la montagne de l’enseignement fondamental de Jésus (la « montagne des Béatitudes »); cet enseignement, Mathieu le présente aussitôt à la suite ce récit (Évangile de Mathieu 5)? De même, fait-il écho à son intention manifeste d’établir un parallèle entre Jésus donnant son enseignement nouveau sur la montagne des Béatitudes et Moïse présentant la Loi sur la montagne du Sinaï?.. Quoi qu’il en soit, ces suggestions indiquent le cadre choisi par l’évangéliste pour présenter la mission publique de Jésus.

 

Mathieu met en valeur l’appel de pêcheurs, sans parler d’autres disciples ni de leur profession (plus tard il parlera seulement de Lévi, le publicain). Ce n’est sans doute pas par hasard, car, outre le fait de citer Simon-Pierre comme premier des disciples, souligner le métier de pêcheur est tout un symbole; il était aventureux de se lancer sur la mer : pour les juifs, en effet, la mer représentait souvent l’élément non maitrisable, aux tempêtes imprévisibles, qui vous engloutissent dans la mort et dans l’abîme peuplé de monstres infernaux. Jésus appelle des hommes qui baignait déjà dans cet atmosphère d’affrontement à ces forces de l’univers, symboles de toutes les forces obscures traversant le cœur et la vie des hommes. Or ce symbolisme, ici, n’est pas une simple figure de style. Mathieu souligne qu’ils suivirent aussitôt Jésus et que celui-ci les entraine au cœur de la « Galilée des nations » où ils vont apprendre ce que c’est qu’être « pêcheurs d’hommes ».

 

Enfin Mathieu place le début de l’action publique de Jésus aussitôt après son baptême par Jean-Baptiste et son épreuve du désert, en venant sur les frontières des rencontres, des affrontements et des souffrances de ces peuples

. Là, il intervient par sa parole et ses actes :

  • par sa parole,
    • témoignant de le proximité de Dieu, comme quelqu’un qui, fraternellement, « frappe à la porte en attendant qu’on ouvre » (Apocalypse)
    • invitant à la « conversion », à retrouver une vie en droiture et vérité, loin des justifications humaines illusoires

- par ses actes, ses gestes de miséricorde : il « guérissait toute maladie et toute infirmité », annonçant ainsi une guérison plus profonde du cœur humain.

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