Le semeur, 16° siècle, peinture, Brueghel 11° Dimanche du Temps ordinaire, Année...

Le semeur, 16° siècle, peinture, Brueghel

11° Dimanche du Temps ordinaire, Année B / 17juin 2018

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc     (Mc 4, 26-34)

En ce temps-là, parlant à la foule, Jésus disait : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé. » Il disait encore : « À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole pouvons-nous le représenter ? Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences. Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. » Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. Il ne leur disait rien sans parabole, mais il expliquait tout à ses disciples en particulier.

*

Pour évoquer les paraboles du semeur, le peintre nous montre un vaste paysage orienté vers la lumière du soleil : celle-ci le met en valeur et polarise l’attention. L’homme qui sème la semence est relégué tout en bas, à gauche du tableau; la lumière qui l’entoure est toute différente : elle entoure le semeur d’un halo entouré d’ombres, à l'opposé d'un monde enveloppé d'une lumière froide, indifférente. Tout autour, loin de lui, le monde poursuit son existence dans une totale indifférence vis-à-vis de cette croissance mystérieuse du vivant. Ceci est tout à fait dans la manière de Brueghel d’évoquer les « mystères » des Évangiles : il peint tout un monde agité ou paisible, mais complètement indifférent au dynamisme caché du Christ dont dépend sa vie, comme l’est « la semence  qui germe et grandit, il ne sait comment ».

La Liturgie de ce dimanche associe ce passage d’évangile à l’image poétique d’Ézéchiel sur les interventions de son Dieu. Celles-ci sont discrètes et modestes, voire cachées, mais le prophète y discerne la puissance de son œuvre : « À la cime du grand cèdre, je prendrai une tige ; au sommet de sa ramure, j’en cueillerai une toute jeune, et je la planterai,.. elle deviendra un cèdre magnifique. En dessous d’elle habiteront toutes sortes d’oiseaux… Je suis le Seigneur : je renverse l’arbre élevé et relève l’arbre renversé… Je suis le Seigneur, j’ai parlé, et je le ferai » (Ézéchiel 17, 22…24).

Le Psaume 91, dans cette même Liturgie, explicite la vision du prophète : « Il est bon de rendre grâce au Seigneur… Le juste grandira comme un palmier, il poussera comme un cèdre du Liban… il garde sa sève et sa verdeur pour annoncer : Le Seigneur est droit ! Pas de ruse en Dieu, mon rocher ! » (Psaume 91,2…16).

Paul, dans la 2° lecture de ce dimanche, évoque l’attente du « retour du Seigneur à la conclusion des temps » et dit sa confiance dans l’œuvre inaugurée par Jésus : « le juste » par excellence (1° lettre de Jean 2,2 ), lui qui s’est présenter comme « le grain tombé en terre tombé en terre et mourant pour produire beaucoup de fruit » (Jean 12,14). Ainsi il fait des hommes des « justes » (Lettre aux Romains 8,30), susceptibles de vivre inspiré par l’amour à la manière du Christ. Paul reprend cette comparaison de la croissance cachée du « Règne de Dieu » par ces mots : « Nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision. Oui, nous avons confiance » (2° lettre aux Corinthiens 5,6-7). Alors il œuvre en espérant l’effet de la parole de Dieu qui bientôt résonnera dans le monde entier, car : « Dieu veut que tous les hommes soit sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1° lettre à Timothée 2,4).

Ainsi, il ne s’agit pas tant de comprendre que d’accueillir ce dynamisme qui est, à tout instant, à notre porte.