Gethsémani, 15° siècle (1485-1494), icône, Novgorod 1° dimanche de l’Avent / 26 novembre...

Gethsémani, 15° siècle (1485-1494), icône, Novgorod 

1° dimanche de l’Avent / 26 novembre 2016

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme il en fut aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il lors de la venue du Fils de l’homme. En ces jours-là, avant le déluge, on mangeait et on buvait, on prenait femme et on prenait mari, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; les gens ne se sont doutés de rien, jusqu’à ce que survienne le déluge qui les a tous engloutis : telle sera aussi la venue du Fils de l’homme. Alors deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé. Deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée. Veillez donc, car vous ne savez pas quel jour votre Seigneur vient. Comprenez-le bien : si le maître de maison avait su à quelle heure de la nuit le voleur viendrait, il aurait veillé et n’aurait pas laissé percer le mur de sa maison. Tenez-vous donc prêts, vous aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » (Mt 24, 37-44)

Lorsqu’il est question de veiller dans l’évangile, les trois synoptiques (évangiles de Mathieu, Marc et Luc) montre tous l’unique scène où les disciples sont confrontés à l’injonction et aux difficultés de veiller, celle de l’agonie de Jésus au jardin des oliviers (ou Gethsémani). Il est donc intéressant de se référer à cet événement pour mieux percevoir à quelle veille Jésus appelle.

Ici l’auteur de l’icône correspondant à ce passage d’évangile a peint les deux moments importants, selon un usage fréquent. En haut, Jésus seul priant Dieu son Père, à la perspective de sa passion : « Père, si tu le veux, éloigne de moi cette coupe ; cependant, que soit faite non pas ma volonté, mais la tienne. » (Luc 22,42); un ange, au dessus de lui, signifiant la présence aimante de ce Père, le réconforte; ici l’auteur suit le texte de Luc (22,39-46) parallèle à celui de Mathieu (Mt 26,36-43). En bas du tableau, Jésus revient vers ses disciples auxquels il avait donné la consigne : « Priez, pour ne pas entrer en tentation.»; or il les trouve « endormis, accablés de tristesse.» et leur renouvelle l’injonction.

L’évangéliste souligne la raison de leur sommeil : « accablés de tristesse.». Le contexte est clair : pendant le dernier repas, la Cène, Jésus leur a annoncé la trahison de Judas entrainant sa mort, le reniement de Pierre et la tentation de tous de l’abandonner; et Jésus avait finit ses paroles par cet avertissement : « voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. » (Luc 22,31-32), image classique dans la bible pour montrer la violence du choc des événements et de la tentation. La tentation est de ne plus croire au Christ et de l’abandonner.

Or dans le début du chapitre 24, Mathieu cite un discours de Jésus, comme dimanche dernier Luc, annonçant crises et catastrophes, haines et persécutions; mais il ajoute le pire : « ce sera pour beaucoup une occasion de chute ; ils se livreront les uns les autres, se détesteront les uns les autres. » (Mathieu 24,10); voilà qu’on tombe dans l’abandon du message du Christ : la vie fraternelle entre disciples, cœur de la vie évangélique pour témoigner de l’amour du Christ au monde, sera atteinte, et la dynamique de l’amour de Dieu sera rejetée par les hommes.

C’est donc à cette vigilance active de l’amour donné par le Christ que les disciples sont appelés. Devant les échecs sensibles de cet amour que vivent tous les disciples, tant de leur part que de la part des autres, il s’agit d’avoir recourt à celui, qui « est amour » et de ré-accueillir la foi en Celui qui en est la source intarissable.

Jésus, en effet, en affirmant que Dieu s’emploie activement à accomplir toute justice, interroge : « le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre? » (Luc 18,8)