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Tentation de Jésus au désert selon un chapiteau du 12° siècle, dans la basilique Saint Andoche de Saluiez, Saulieu, Bourgogne
1° Dimanche de Carême - 5 mars 2017
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable. Après avoir jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim. Le tentateur s’approcha et lui dit « Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres deviennent des pains. » Mais Jésus répondit : « Il est écrit : L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. » Alors le diable l’emmène à la Ville sainte, le place au sommet du Temple et lui dit : « Si tu es Fils de Dieu, jette-toi en bas ; car il est écrit : Il donnera pour toi des ordres à ses anges, et : Ils te porteront sur leurs mains, de peur que ton pied ne heurte une pierre. » Jésus lui déclara : « Il est encore écrit : Tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu. » Le diable l’emmène encore sur une très haute montagne et lui montre tous les royaumes du monde et leur gloire. Il lui dit : « Tout cela, je te le donnerai, si, tombant à mes pieds, tu te prosternes devant moi. » Alors, Jésus lui dit : « Arrière, Satan ! car il est écrit : C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras, à lui seul tu rendras un culte. » Alors le diable le quitte. Et voici que des anges s’approchèrent, et ils le servaient. (Mt 4, 1-11)
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Sur ce chapiteau, Jésus fait face à l’ange tentateur grimaçant; il est repérable à son auréole marquée d’une croix. En arrière de lui, un ange l’accompagne et le sert. Jésus est placé plus haut que les deux anges; sa tête touche le ciel indiqué par la nuée ondulée qui court sous l’entablement du chapiteau. Jésus, assis sur une branche du figuier qui remplit le fond de la scène comme sur un trône, apparait en situation dominante, victorieuse. Tandis que le tentateur tient dans sa main la pierre qu’il invite Jésus à transformer en pain, ce dernier lui oppose de sa main gauche le Livre des Paroles de Dieu; de sa main droite tendue, Jésus manifeste sa supériorité sur son adversaire : les tentations de ce dernier ne peuvent prévaloir sur lui.
La représentation de l’arbre est significative. Il évoque l’arbre « de la connaissance du bien et mal » : il était interdit à Adam d’en manger les fruits au risque de mourrir (Livre de la Genèse 2,16-17). Or Adam succombe devant la tentation, tandis que Jésus résiste victorieusement (Ce récit de la chute d’Adam est lu à la messe de ce 1° dimanche de carême en même temps que le passage d’évangile ci-dessus). Dans cet évangile, Jésus résiste au tentateur et inverse la dynamique de mort qui affecte la condition humaine. C’est ainsi que Paul relit ces deux événements : « La faute commise par un seul (Adam) a conduit tous les hommes à la condamnation, de même l’accomplissement de la justice par un seul (le nouvel Adam, Jésus) a conduit tous les hommes à la justification qui donne la vie » (Lettre aux Romains 5, 12.17-19, texte lu à la messe de ce 1° dimanche de carême en même temps que le passage d’évangile ci-dessus).
L’arbre sculpté sur le chapiteau est un figuier; ses feuilles cachent le fond de la scène. Ce n’est pas non plus sans raison : c’est avec des feuilles de figuier qu’Adam cache sa nudité, symbole de sa honte et se cache de Dieu, par peur, après sa faute (Livre de la Genèse 3,7-8).
Dans son récit de la tentation, Mathieu donne les réponses de Jésus au tentateur. Ce sont des citations du Livre du Deutéronome. L’auteur de ce livre médite sur la traversée du peuple hébreu dans le désert après sa sortie d’Égypte. La traversée en est difficile et ce peuple doute des bonnes intentions de son Dieu : nous mène-t-il vers une terre heureuse ou veut-il nous faire mourrir dans ce désert où manque le pain et l’eau ? Dans cette épreuve, il se révolte et « tente Dieu ». Ainsi, tandis que le récit de la Genèse et la lettre de Paul aux Romains nous centrait sur le seul Adam, avec Mathieu c’est tout un peuple et, par extension, tous les peuples, qui renouvellent la même rupture qu’Adam.
Mathieu précise en citant trois tentations et trois paroles :
. à la suite de son expérience du jeûne, Jésus cite : « Il t’a fait passer par la pauvreté, il t’a fait sentir la faim, et il t’a donné à manger la manne – cette nourriture que ni toi ni tes pères n’aviez connue – pour que tu saches que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur » (Deutéronome 8,03).
. tenté de forcer Dieu à le présenter miraculeusement à son peuple, Jésus cite à nouveau le Livre du Deutéronome : « Vous ne mettrez pas le Seigneur votre Dieu à l’épreuve, comme vous l’avez fait à Massa. » (Dt 6,16), (les contemporains de Jésus attendaient une manifestation mirifique du Messie selon l’annonce du prophète Malachie : « soudain viendra dans son Temple le Seigneur que vous cherchez ». (Malachie 3,1).
. en refusant la tentation de prise de pouvoir sur les hommes, la tentation de possession, Jésus cite : « tu serviras le Seigneur ton Dieu » (Deutéronome 6,13), « pas d’autre dieu que moi » (Deutéronome 32,39) et « Car tu ne te prosterneras pas devant un autre dieu » (Exode 34,14).
Le Psaume 118 peut guider une adresse à Dieu :
« Guide-moi, mon Dieu, ma force est en toi!
Enseigne-moi, Seigneur, le chemin de tes ordres ; à les garder, j'aurai ma récompense.
Montre-moi comment garder ta loi, que je l'observe de tout coeur.
Guide-moi sur le chemin de tes volontés, là, je me plais.
Incline mon coeur vers ce que tu aimes,..
Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route. » (Ps 118,33-36.105)